L'Office franco québécois pour la jeunesse et la Fédération France-Québec francophonie soufflent ensemble leurs 50 bougies. Les deux organisations, l’une, gouvernementale, et l’autre, non-gouvernementale, contribuent à resserrer les liens entre la France et le Québec, à rapprocher les deux rives de l’Atlantique.
Un jubilé intergénérationnel
L’Office franco québécois pour la jeunesse (OFQJ), organisme bi gouvernemental institué le 9 février 1968 par le président Charles de Gaulle et le premier ministre québécois Daniel Johnson, a accompagné depuis sa création 150 000 jeunes adultes dans leurs projets de stages, de formations, d’entrepreneuriat et d’engagement. Chaque année, 4 100 jeunes Français et Québécois de 18 à 35 ans participent à des projets soutenus par l’Office, avec le concours de 2 000 entreprises et institutions partenaires.
Créée le 12 janvier 1968, la Fédération France-Québec francophonie (FFQF) forme un réseau d’amitié de 60 associations régionales, qui fait feu de tout bois pour promouvoir le Québec en France à travers de nombreuses activités : dictée francophone, prix littéraire, trophées culinaires, concours de slam, programmes de stages croisés dans les villes françaises et québécoises, etc.
Une année de célébrations
L’OFQJ a lancé une programmation spéciale à l’occasion de ce jubilé (#50ansOFQJ), dont le point d’orgue sera une soirée festive et musicale, le 8 février à Paris, intitulée la « Nuit Givrée ». D’autres événements se dérouleront en 2018, un Gala de l’excellence et de l’amitié franco québécoise, un colloque sur la mobilité de la jeunesse et des rencontres lors de la visite en mars prochain du premier ministre québécois en France. La Fédération France-Québec francophonie organise jeudi 11 janvier un spectacle à l’occasion duquel le programme des festivités de l’année 2018 sera dévoilé. Une rencontre est prévue vendredi 12 janvier à la résidence de la Déléguée générale du Québec à Paris. Les sections française et québécoise de la Fédération se retrouveront à Québec en octobre prochain pour un grand congrès ayant pour thème « un réseau associatif ouvert sur le monde francophone ».
La jeunesse et l’innovation au cœur des échanges
Le Québec suscite depuis quelques années un regain d’intérêt de la part des jeunes Français. Chaque année, environ 50 000 traversent l’Atlantique pour étudier, effectuer un stage ou une mission professionnelle. Sur place, ils se créent des réseaux, des amitiés, élargissent leurs références et leurs opportunités. Vivre une expérience internationale constitue pour eux un facteur de progression personnel et professionnel. Pour autant, en France comme au Québec, ils font face à des obstacles, notamment culturels. « C’est une belle leçon de vie. Il faut apprendre à s’adapter, à s’interroger sur nos façons de faire et nos habitudes », témoigne Émilie Bélanger, stagiaire québécoise. « L’OFQJ développe notre imaginaire de la diversité et nous permet de lier des partenariats solides, s’enthousiasme Maxime Daeninck, responsable de France-Amériques Jeunes. L’Office nous a fait confiance dès le début pour soutenir notre projet de débats francophones internationaux ».
Les échanges franco québécois sont générateurs d’innovations. Ainsi, en participant à un échange universitaire en Corse avec l’OFQJ, le Québécois Dragan Tutic a-t-il eu l’idée de concevoir des modules de dessalement alimentés par la force des vagues. De retour au Québec, son idée a germé en projet – sur lequel onze étudiants de l’université de Sherbrooke ont planché – puis en entreprise, partie à la conquête des marchés internationaux.
La relation France-Québec à l’ère de la maturité
L’OFQJ et la FFQF témoignent de l’élan associatif et politique d’une certaine époque, celle des années 1960, à partir de laquelle la relation franco québécoise a été véritablement tissée. « Nous partions de presque rien », rappelle l’ex-ambassadeur Bernard Dorin, qui prépara la visite historique du président français au Québec en 1967. « Notre relation bilatérale pâtissait d’une grande inertie. Le général de Gaulle a balayé tous les obstacles », témoigne-t-il. « Après de Gaulle, il y a eu une phase de déclin, puis une remontée. Aujourd’hui, je suis optimiste ». Après cinquante ans d’une « relation directe et privilégiée », la France et le Québec sont amenés à renouveler leur coopération. « Les enjeux sont nombreux, estime Georges Poirier, directeur de France-Québec Mag. La démographie, le handicap, le numérique, la promotion conjointe de la langue française… Nous sommes des alliés naturels, sur des continents différents, riches d’approches distinctes, mais avec des enjeux communs ».
L’engouement des jeunes français pour le Québec ne cesse de renouveler le capital d’expériences partagées entre la France et le Québec. À l’inverse, l’engouement des jeunes Québécois pour la France est plus mesuré, du fait de l’attraction qu’exercent les États-Unis et les puissances émergentes mais aussi à cause du coût du logement dans l’ancienne « mère patrie ».« La France ne fait plus rêver les jeunes Québécois. Elle n’est pas devenue pour autant une terre étrangère, mais un pays à découvrir comme un autre », regrette Louise Beaudoin, ancienne ministre du Québec. Si le Québec accueille 15 000 étudiants français chaque année, on recense à peine 1 000 étudiants québécois dans l’Hexagone. Ce désintérêt relatif n’est cependant pas une fatalité. L’amélioration de la situation économique française, celle des conditions d’accueil des Québécois par des politiques de logement universitaire volontaristes et des programmes de bourses, peut en partie corriger la situation.
Et demain ?
Il revient maintenant aux deux partenaires d’écrire une nouvelle page de leur histoire. De continuer la pédagogie pour approfondir la connaissance mutuelle de leurs réalités contemporaines. De penser ensemble les grandes questions de société. De défendre leurs valeurs et de constituer un moteur pour la francophonie. Cette relation hors-norme, nourrie par des échanges soutenus (universitaires, scientifiques, culturels…) depuis 50 ans, se projette vers l’avenir. Une relève se mobilise. L’histoire et la langue ne suffisent pas. Il faut aussi le désir de poursuivre ensemble une aventure de solidarité.