Article de L'Orient-Le Jour, 14 juillet 2022
Dans le cadre d’un concours, les départements de lettres françaises et d’histoire-relations internationales à l’USJ ont invité des élèves des établissements scolaires francophones à réaliser une courte vidéo mettant en lumière les efforts entrepris par leur établissement pour maintenir les valeurs de la francophonie.
« Si au Liban nous sommes aujourd’hui francophones, ce n’est pas parce que le pays était sous mandat français en 1920, ou que les jésuites sont arrivés en 1700, mais parce que les établissements francophones libanais se sont battus pour maintenir vivante cette langue française enseignée depuis 1629, et surtout préserver les valeurs véhiculées de la francophonie », lancent Karl Akiki et Christian Taoutel, initiateurs de ce projet-concours et respectivement directeurs du département de lettres françaises et du département d’histoire-relations internationales à l’USJ.
En expliquant le contenu de la vidéo que les jeunes participants devaient réaliser sous la supervision d’un enseignant de français ou avec l’aide d’un enseignant d’histoire ou d’audiovisuel, Karl Akiki souligne : « La vidéo, d’une durée de 2 à 3 minutes, rappelle aux élèves l’héritage que les Libanais doivent aux écoles qui ont choisi d’enseigner en français et tout ce passé francophone qui a aidé à construire le Liban d’aujourd’hui. »
Dans la première partie, les élèves devaient revenir sur la fondation et l’historique de l’établissement à travers des photos d’archives. Dans la deuxième partie, ils devaient mettre en valeur une figure francophone de leur établissement qui a marqué des générations : un ancien, un enseignant de français qui a eu un impact dans la sphère francophone, etc. En dernier lieu, ils devaient présenter un entretien avec le ou la chef d’établissement autour de la signification de l’attachement aux valeurs de la francophonie et de l’impact de l’école sur sa région.
Un travail de fond et de cœur
Vingt établissements francophones de toutes les régions du Liban, du Akkar à Tripoli jusqu’à Aïn Ébel, à la frontière sud, ont répondu à cette initiative et ont présenté chacun une vidéo « qui a subjugué le jury international francophone, tant par la qualité du travail présenté que par le fond des images et des textes si touchants », relève le directeur du département de lettres françaises à l’USJ. « Le plus important, c’est l’exercice de mémoire qu’ont entrepris ces élèves qui se sont plongés dans les archives de leur établissement, ont posé pendant un moment leur regard sur le passé et l’histoire de leur école et ont surtout réalisé tous les efforts entrepris par leur établissement tout au long de leur existence pour garder vivante cette langue française qui est une langue voulue et non imposée », poursuit-il encore.
Fasciné par le travail de ces étudiants, le jury composé d’Ivan Kabacoff, présentateur sur TV5 Monde de l’émission Destination francophonie, Benjamin Boutin, président-fondateur de l’ONG Francophonies sans frontières, Cynthia Eid, présidente de la Fédération internationale des professeurs de français, Sylvie Lamy, attachée de coopération pour le français à l’Institut français du Liban, Leilah Gruas, chargée de mission audiovisuelle à l’Institut français du Liban, et Gérard Bejjani, titulaire de la chaire Senghor à l’USJ, a décidé de décerner, à toutes ces écoles, lors d’une cérémonie organisée dans l’amphithéâtre Pierre Aboukhater de l’USJ, trois prix : le 1er prix était un petit souvenir sous forme de diamant sur lequel est inscrit le nom du concours, le 2e prix était la retransmission de leurs vidéos dans l’émission Destination francophonie réalisée par Ivan Kabacoff et le 3e prix une visite de la fondation Charles Corm, le premier auteur francophone libanais des années 20.
« Toutes les vidéos des étudiants ont été regroupées par la suite sur une chaîne YouTube de l’USJ, dans une playlist intitulée “Mémoire nationale de la francophonie libanaise” », précise encore Karl Akiki, avant de conclure : « Aujourd’hui, le Liban est le seul pays dans la région à être véritablement francophone, et cela bien avant le mandat français. Et l’un de nos plus grands atouts, à nous Libanais, est ce trilinguisme que nous possédons, dont cette langue française qui est encore enseignée dans toutes les écoles et qui est un plus dans la région. Une richesse qu’il faut absolument sauvegarder et pour la pérennisation de laquelle il faut se battre. »