Les territoires, loin du prétexte, doivent devenir une solution

Tribune collective de l'Institut Terram, Ouest-France, 25 avril 2024

Lancement réussi de l’Institut Terram avec le soutien de Havas Territoires et de L'Agence Verte ! 🌿 Victor Delage, le fondateur de Terram, crée un laboratoire d'idées innovantes et concrètes, au plus près des citoyens. Une démarche utile et attendue pour notre cohésion territoriale !

 

✍🏼 Je suis fier de co-signer dans Ouest-France la tribune de lancement de cet Institut pluridisciplinaire, aux côtés de scientifiques, économistes, géographes, experts et chefs d’entreprise… Selon nous, « Les territoires doivent être l’une des réponses à l’affaissement de l’édifice représentatif [pour] redonner du pouvoir au citoyen ». 💬

 

🧠Ce laboratoire d'idées apportera des analyses fines, documentées et cartographiées au plus près des besoins et préoccupations de nos concitoyens. Il fournira des recommandations utiles à notre société française 🇨🇵🇪🇺. Face à une centralisation du pouvoir excessive et à un mille-feuille administratif trop complexe, les territoires repensés, la démocratie locale, l'engagement citoyen, sont la solution. Allons-y !

 

C'est pourquoi j'ai tenu à inviter hier à la soirée de lancement une élue locale engagée dans le Var, mon département de naissance, conseillère municipale dans le charmant village du Castellet.

 

Félicitations Victor Delage, merci pour ta confiance et merci à tous pour votre soutien ! 🙏🏻

 

▶️ Vous pouvez lire notre tribune collective ci-dessous.

 


le think tank Terram se lance

L’institut Terram indique se reposer sur quatre valeurs : territoires, innovation, démocratie, indépendance. Sur son site Internet, il précise être « une association à but non lucratif et un think tank indépendant, sans affiliation politique ». Ses soutiens sont des particuliers ou des entreprises : Chemins d’Avenir, Alcom, Axa, Havas Territoires, Fondation Jean-Jaurès, Mutualité française, Macif, Engie, Capeb...

L’Institut Terram, think tank dédié à l’étude des territoires, est lancé ce jeudi 25 avril. Son objectif : « Penser, innover, agir pour nos territoires. » Il est composé de scientifiques, économistes, géographes, experts, chefs d’entreprise… qui signent dans Ouest-France une tribune détaillant leurs ambitions. « Les territoires doivent être l’une des réponses à l’affaissement de l’édifice représentatif », écrivent-ils en voulant redonner du pouvoir à « l’habitant-citoyen ».

 

C’est une alerte et une proposition de solutions. Qui passeront par les territoires. « La singularité du moment invite à changer d’approche et à conjuguer l’unité du pays avec la diversité de ses composantes et sa complexité géographique, constitutives de notre identité historique, écrivent les signataires de la tribune que Ouest-France publie (liste en bas d’article). C’est dans cet esprit que nous, chercheurs, experts, représentants d’entreprises, fonctionnaires et acteurs de la société civile, lançons l’Institut Terram. » Son objectif : « Penser, innover, agir pour nos territoires » en publiant « des travaux variés et à caractère scientifique ». « Notre ambition est d’analyser au plus près ce qui taraude la société, en particulier la quête de sens et d’ancrage des individus », écrivent-ils ci-dessous.


LA TRIBUNE

 

« Les territoires doivent être l’une des réponses à l’affaissement de l’édifice représentatif. La rupture entre l’expérience de vie du citoyen et ses représentants se manifeste à deux niveaux : dans les urnes, avec l’explosion du vote protestataire et des taux records d’abstention, et dans la rue, avec la radicalisation des mouvements contestataires. Ces soulèvements protéiformes prennent souvent racine dans des petites et moyennes villes, là où les habitants se sentent, à tort ou à raison, les plus délaissés, avant de gagner le reste du pays. Des Bonnets rouges aux Gilets jaunes, en passant par la colère des agriculteurs, tous appellent à une plus grande « proximité ».

 

Avons-nous pris la juste mesure des bouleversements en cours ? Le regain d’intérêt pour les territoires dans le discours public marque un progrès notable. Cependant, on a encore trop souvent tendance à vouloir leur appliquer des concepts globalisants qui tendent à uniformiser des réalités hétérogènes et participent à la propagation d’une représentation décliniste des territoires, tant chez les décideurs politiques que chez les citoyens.

Il faut placer l’habitant, qui n’est pas qu’un résident, au centre du dispositif et faire de l’habitant-citoyen un artisan essentiel des transformations des territoires.

La singularité du moment invite à changer d’approche et à conjuguer l’unité du pays avec la diversité de ses composantes et sa complexité géographique, constitutives de notre identité historique. C’est dans cet esprit que nous, chercheurs, experts, représentants d’entreprises, fonctionnaires et acteurs de la société civile, lançons l’Institut Terram. Nous portons la conviction que la dimension territoriale est indispensable pour rendre compte de l’enchevêtrement complexe des forces économiques, sociales et culturelles à l’œuvre. En publiant des travaux variés et à caractère scientifique, tels que des monographies, des études de cas, des atlas ou des enquêtes d’opinion, notre ambition est d’analyser au plus près ce qui taraude la société, en particulier la quête de sens et d’ancrage des individus, dont certains se sentent submergés par les courants de la mondialisation.

 

Nous proposons d’abord d’engager une réflexion sur le récit commun. On exacerbe fréquemment les oppositions, entre « France périurbaine » et « France métropolitaine » ou encore entre « ruraux » et « urbains ». Sans nier les différences, il faut reconnaître que la France se construit sur une multitude de réalités socio-spatiales plus complexes. D’où la nécessité d’imaginer et d’explorer de nouvelles narrations mettant en lumière le continuum des interactions humaines qui se tissent entre villes et campagnes. Le retour en grâce des politiques d’industrialisation témoigne de cette capacité à raccrocher chaque lieu de vie au grand récit de la cohésion nationale : de fait, les trois quarts des emplois industriels français sont situés en dehors des métropoles, tout particulièrement ceux qui résultent d’investissements étrangers récents.

 

Nous aspirons ensuite à participer au débat relatif aux processus de délibération. Il faut placer l’habitant, qui n’est pas qu’un résident, au centre du dispositif et faire de l’habitant-citoyen un artisan essentiel des transformations des territoires. Ces dernières années, la prolifération d’instances participatives, conçues et promues sous l’influence du pouvoir exécutif, a joué un rôle inédit et prometteur mais n’a pas suffi à endiguer la crise de défiance. Pour réussir, ces projets doivent davantage prendre en considération les usages et les besoins locaux. Personne ne doit être exclu lorsque des décisions affectant le quotidien sont en jeu, que l’on réside au centre-ville, en banlieue, en zones périurbaine ou plus loin des villes. Dans un contexte d’urgence écologique, la viabilité des territoires passe par la réalisation de l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Cet enjeu doit mobiliser l’ensemble des acteurs territoriaux, publics comme privés.

Réaligner les frontières électorales territoriales sur les bassins de vie, tout en garantissant une proximité réelle entre les élus et les citoyens.

Enfin, nous souhaitons contribuer à l’amélioration du fonctionnement de notre modèle de gouvernance. Les discussions actuelles autour d’une prochaine réforme territoriale se concentrent sur le « millefeuille administratif ». La superposition d’échelons – communes, départements, régions, etc. – rend difficile l’action coordonnée et unifiée de la myriade d’institutions impliquées, chacune revendiquant sa propre légitimité, ses compétences et ses ressources. Au-delà, nous pensons que le problème réside avant tout dans le maintien d’une organisation locale floue et déstructurée. En raison de leur petite taille, nombre de nos villes paraissent inaptes à relever les défis contemporains, notamment en matière d’aménagement, de mobilité et de logement. Alors qu’en 1900 on parcourait en moyenne quatre kilomètres par jour – la taille moyenne des communes –, nous en faisons dix fois plus aujourd’hui. Il est donc essentiel d’adopter un nouveau modèle de gouvernance locale, plus adapté aux conditions de vie actuelles des Français, en tenant compte des multiples lieux de résidence, de travail, de loisir, qui constituent à eux tous leur habitat quotidien. Cela implique de réaligner les frontières électorales territoriales sur les bassins de vie, tout en garantissant une proximité réelle entre les élus et les citoyens.

 

Notre démarche collective s’appuie sur une conviction forte : à l’aube d’un cycle électoral crucial, les territoires, loin d’être un prétexte, doivent devenir une solution.»

 

LES SIGNATAIRES.

Marc-Antoine Authier – expert en finances publiques et entrepreneur

Salomé Berlioux – fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs

Benjamin Boutin – président d’honneur de Francophonie sans frontières

Jean Coldefy – président du conseil scientifique de France Mobilités

Victor Delage – fondateur de l’Institut Terram

Édouard Dequeker – géographe-économiste

Franck Gbaguidi – Expert environnement et développement durable, programme mondial de sécurité alimentaire et hydrique, Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS)

Patrice Geoffron – professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine-PSL

Aurélie Jean – scientifique, entrepreneure et autrice

Thomas Jerejian – fondateur de Juste répartition

Fadila Leturq – membre du conseil scientifique de l’Institut Terram, cheffe du campus du numérique public

Jacques Lévy – géographe, chercheur en science du social

Loïse Lyonnet – experte des enjeux culturels et territoriaux

Sylvain Manternach – géographe-cartographe

Nicolas Portier – enseignant à l’École urbaine de Sciences Po

Jean-Luc Sauron – haut fonctionnaire, professeur à l’université Paris-Dauphine-PSL

Anaïs Voy-Gillis – chercheuse associée à l’IAE de Poitiers